Shit Happens...

Sagesse I Shit Happens...

Notre camionnette a été saccagée au milieu du parking public sur lequel nous avons l'habitude de la garer. C'est le moment de nous remettre en tête ces quelques principes sur l'acceptation de l'imprévu et le lâcher prise...;-)

(attention, cet article contient full citations! J'ai pas pu me retenir)

L'imprévu, cela peut être une météo pourrie pendant toute notre semaine à la Côte d'Azur, une grosse branche d'arbre qui bousille le toit de la maison, une panne sur l'auroroute, un job qu'on croyait avoir mais qu'on n'a pas, ... L'imprévu c'est surtout quelque chose sur lequel nous n'avons aucune prise. Cette impression de n'avoir pas l'entier contrôle de notre vie peut s'avérer très anxiogène et faire resurgir le petit enfant frustré par un « non » qui sommeille en nous. Comme lui, nous ronchonnons, nous tapons du pied, nous pleurons, nous crions, dans l'espoir que nos volontés soient faites. En réalité, cela n'a jamais aucun effet si ce n'est de nous épuiser.

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Soyez le roseau

Vous vous souvenez du chêne et du roseau? Le chêne est inflexible. Il refuse de s'adapter aux événements extérieurs, il lutte contre eux, en vain. Pendant que vous ruminez, que vous broyez du noir, rien ne se passe. Vous gaspillez votre énergie. A l’inverse, le roseau fait preuve de flexibilité, modifie ses plans. Cela suppose, dans un premier temps, d'accepter la situation. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille être passif ni fataliste, mais plutôt être capable de reconnaître son impuissance à changer les faits. Ce n'est qu'alors qu'on cessera de se morfondre pour passer à l'étape suivante : la recherche de solutions. C'est la voie la plus efficace et la moins énergivore vers un mieux.
Concrètement, vous ne pouvez pas changer la météo. Mais vous pouvez décider d'annuler votre journée pique-nique au profit d'un mug de votre thé préféré et d'un délicieux cake aux pommes préparé de vos petites mains.

​Croire en l'Univers

Jung disait que le lâcher prise nous permet de prendre en compte des messages, des heureuses coïncidences qui peuvent nous aider à faire les meilleurs choix pour nous.

Si vous avez un peu exploré mon blog, vous aurez compris que je voue un culte à L'Alchismiste, de Paulo Coelho, et que j'aime croire que l'univers a un plan pour chacun d'entre nous. J'aime croire que ce qui nous semblent être des épreuves, des obstacles, sont là pour mieux nous aider à atteindre notre destination. J'aime voir la vie comme la quête du héro : chaque péripétie se révèle nécessaire dans son accomplissement. Cette façon de penser les choses peut paraître très naïve mais cela m'aide.
Que l'on croie en une volonté de l'univers ou non, c'est un fait, les contrariétés de la vie sont autant d'occasions d'apprendre, de se renforcer voire de prendre un autre chemin.Voyons-les comme des opportunités.

D'ailleurs, parfois, elles s'imposent comme telles. On s'est tous déjà dit : Heureusement ! Heureusement que je n'ai pas eu ce job, sinon j'aurais manqué cet autre qui me correspond tellement mieux ! Heureusement que j'ai loupé ce train qui a déraillé un peu plus loin !

Je pars du principe qu'il y a un « heureusement » à tirer de chaque situation, mais qu'il est parfois moins évident. Si je me suis cassé une jambe, c'est peut-être parce qu'il le fallait, peut-être que je devais me reposer, ou prendre du temps pour moi, pour réfléchir, me distancier de mon travail... peut-être que cette jambe cassée m'évitera un malheur pire que celui-là, devenant ainsi une bénédiction. Seul le temps nous apprendra toutes les conséquences d'un événement imprévu. C'est ce qu'illustre bien l'histoire du pauvre paysan chinois et de son cheval blanc, de Lao Tseu :


Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait :
- « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre. »

Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l’étable vide donnèrent leur opinion :
- « Pauvre idiot, il était prévisible qu’on te volerait cette bête. Pourquoi ne l’as-tu pas vendue ? Quel Malheur ! »
Le paysan se montra plus circonspect :
- « N’exagérons rien dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’étable. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? »

Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d’esprit. Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s’attroupèrent de nouveau :
- « Tu avais raison, ce n’était pas un malheur mais une bénédiction. »
- « Je n’irais pas jusque là, fit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode. Peut-on connaître le contenu d’un livre en ne lisant qu’une phrase ? »
Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze beaux chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ?

Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta à terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :
- »Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui donc t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre. »
- « Voyons, rétorqua le paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir. »

Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.
- « Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que nos fils vont se faire tuer. »
« Je vous en prie, » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal. »

​Il y a six mois, deux entrepreneurs consécutifs nous ont laissés tomber à la veille d'entamer les travaux très coûteux de la cuisine. Après le deuxième abandon, ma première pensée a été «nous sommes maudits ! »  Finalement nous avons décidé de faire une croix sur ce projet et d'investir l'argent mis de côté dans un van. Et maintenant, je remercie l'univers d'avoir lourdement insisté pour me rappeler à mes vraies aspirations...;-)

Le lâcher prise consiste à être capable de modifier son regard sur le monde, à s’ouvrir à l’imprévu, à cesser de se battre contre le vent. "Ce à quoi on résiste, persiste", disait Carl Jung.

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Ayant écrit tout cela, je dois admettre que bien que j'en connaisse les bases, je suis loin de maîtriser l'art du lâcher prise. 

​Toutefois, si c'est encore moi qui râle le plus haut à la moindre contrariété, désormais ça ne dure pas. J'arrive maintenant à reconnaître qu'il est absurde de me plaindre de ce qui est, et à me bouger pour résoudre mon problème. Il y a une petite phrase toute simple qui m'y aide :

« Shit happens. To everybody. All the time. Get over it. » 
     Les emmerdes, ça arrive. À tout le monde. Tout le temps. Va falloir t'en remettre.

C'est comme une formule magique. À chaque fois que je suis confrontée à un imprévu pénible, je râle un bon coup puis je me dis (et souvent tout haut) « Bon. Shit happens... »​