ÉDUCATION « BIENVEILLANTE » : COMMENT JE ME SUIS PERDUE EN CHEMINOn entend souvent cette phrase, que j’ai moi-même citée un jour en riant : « avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants ». Après 18 mois de tâtonnements, j’ai décidé d’aller repêcher mes principes, et depuis… tout va mieux. Depuis que mon fils est né, je me triture le cerveau pour me comporter « comme il faut » avec mon bébé : des mois que j’avale des articles sur l’éducation « bienveillante » ou « positive » expliquant quelle attitude avoir, dans quelle situation et comment ne surtout pas réagir. Ce que j’y lis m’est parfois tellement contre-intuitif que je dois procéder à une véritable rééducation, me reprendre et m’empêcher de réagir spontanément pour me conformer à ces idéaux. Je le fais parce que, sur le papier, je trouve que ces principes ont l’air géniaux : respect et écoute de l’enfant, collaboration plutôt que contrainte, apprentissage par le jeux et l’exemple, … Mais il m’arrive de ne plus savoir comment me comporter, parce que tout se confond un peu dans ma tête, que ce que j’ai lu ne correspond pas à ce que je vis, ou que j’ai lu quelque chose d’autre qui bouleverse tout ce que j’avais cru comprendre. C’est fatiguant et je crois que, souvent, je manque de constance et de cohérence.
Il y a une semaine, j'ai été obligée d'admettre que je m'étais perdue en chemin, et que le résultat sur mon fils de 18 mois était plutôt moyen. Tout était devenu une lutte : changer un lange, mettre des chaussures, manger, sortir de l'appartement, rentrer à l'appartement... j'avais l'impression que mon bébé râlait à longueur de journée. J'ai tiqué quand je me suis rendue compte que ça nous était exclusivement réservé, à son père et moi, qu'avec n'importe qui d'autre il se montrait joyeux et conciliant. Et puis il s'est mis à pleurer systématiquement quand nous venions le rechercher chez sa mamie, sa marraine, une babysitter d'un jour... ça me brisait le cœur. « Les enfants doivent apprendre à se mettre à la place de l'autre. Ils ont besoin d'empathie, d'amour, de sollicitude et d'une réelle confiance. [Mais] ils doivent se heurter de temps en temps aux limites des autres et être contraints de les respecter. C'est là tout le secret d'une bonne éducation. » Katja Seide C'est alors que je suis tombée sur cet article de Katja Seide ( 7 erreurs d'éducation qui font des enfants des "tyrans" ou des "petits cons") qui insiste notamment sur le fait d'être naturel avec son enfant, et j'ai compris. J'ai compris que mon comportement n'avait plus rien de naturel. Que j'avais un peu trop pris au pieds de la lettre des textes qui manquaient de nuance, trop axés sur ce qui oppose l'éducation "bienveillante" à une éducation "classique", fondée sur l'autorité, au point que certaines facettes éducatives sont complètement zappées. C'est ainsi que l'assertivité est souvent la grande oubliée de ces auteurs (non professionnels en tout cas). Et moi, croyant bien faire, j'en étais venue à demander l'avis de mon bébé sur tout (« On n’irait pas te changer ? », « Tu veux mettre tes chaussures ? », « Tu vas faire dodo ? » (spoiler alert : la réponse est toujours « non »), à ne rien lui imposer, à lui éviter toute frustration. Parce que c'est ce que j'avais retenu de mes lectures. Et plutôt que de se sentir compris et respecté, mon fils se sentait de plus en plus perdu, de moins en moins rassuré par cette maman qui lui tendait les rennes alors qu'il avait surtout besoin d'être guidé. J'ai compris que si je ne lui montrais pas qu'il était important de s'écouter tout autant que d'écouter l'autre, de se respecter et de faire respecter ses limites tout autant que de respecter l'autre, il ne serait jamais en mesure de le faire non plus. J'ai arrêté de formuler des demandes là où je voulais, en fait, donner une consigne : "On se change ?" est devenu "Je vais te changer." Et comme mon fils est dans un âge où il a besoin de pouvoir prendre des décisions, je lui laisse le contrôle ailleurs ("tu choisis le livre de Tchoupi ou de la taupe pour t'occuper pendant que j'enlève ta couche ?"). J'ai cessé de vouloir absolument éviter à mon fils les frustrations, j'ai dit "non" ou "stop" sans flancher quand je le jugeais bon, je l'ai laissé déverser ses colères et ses tristesses sans tenter de l'en distraire. En quelques jours, nos relations se sont améliorées à un point fou. Depuis quelques jours, c'est un ange. Le même que me décrivait sa mamie et ses babysitters. Et je suis sûre (je le vois, en fait) que mon bébé est heureux, lui aussi, de retrouver une maman plus sûre d’elle et plus constante. Faire table rase Ce que j'ai réalisé, et ce qu'il me semble important de partager, c'est qu'il est très facile de se perdre dans les milliers de conseils éducatifs distillés sur Internet. Que, de maman plutôt confiante et sur la bonne voie en quête d'une petite info, on pouvait vite se transformer en maman déboussolée, incapable de suivre son instinct. Lors de cette remise en question, je me suis rappelée de mon état d’esprit avant l’accouchement, de ma sérénité, de mon envie de prendre les choses simplement en me contentant de donner une tonne d’amour à mon enfant parce que c’était tout ce qui comptait vraiment. J’ai réfléchi à cet enfer de choix qui se présentait à moi depuis sa naissance : le laisser pleurer ou non ? Cododo ou chacun dans son lit ? allaitement ou lait artificiel ? Langes lavables ou jetables ? L’éduquer « à l’ancienne » ou « façon bobo 2020 » ? Et j'ai réalisé que rien de tout ça n'avait tant d'importance. Si mon expérience vous parle, alors peut-être éprouverez-vous le même soulagement que moi à vous dire « j’oublie tout, je ne garde que ça : amour, respect et écoute mutuels ». Le reste, aménagement Montessori ou parc à barreaux, éducation au sommeil ou cododo intensif, permission de sauter sur le canapé ou interdiction formelle de faire les fous avec les beaux coussins de maman… tout est bon pour autant que ces 3 ingrédients y soient. J’ai lu beaucoup de choses intéressantes et je suis contente d’avoir ouvert mon esprit et élargi mes horizons sur le sujet de l’éducation. Mais je suis soulagée, soulagée ! de pouvoir agir d'une façon qui me soit naturelle, d'interdire ce qui me semble légitime (selon mes principes « d’avant » 😉), sans crainte de traumatiser mon enfant...avec un seul fil rouge en tête. Et depuis que j’essaie moins fort, tout va beaucoup mieux ! Pour poursuivre votre lecture sur le sujet, voici un chouette article sur lequel je suis tombée après avoir écrit le mien, qui parle aussi du mal que l'on peut se faire à soi et à son couple à trop vouloir suivre aveuglément les méthodes des autres...
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AuteurLa maternité a bouleversé mes certitudes et continue de me questionner au quotidien. Sur ce que je veux transmettre, ce qui fait de nous ce que nous sommes, ce qui rend heureux, ce qui est important dans la vie, pour notre propre développement et pour celui d'une société meilleure... devenir le référent d'une autre personne renforce mon désir d'incarner mes valeurs. Me confronter à un jeune enfant, vierge de tout formatage, spontané, intransigeant, est une formidable source d'apprentissage. Archives
Octobre 2020
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