Devenir mèreIl y a 4 mois, je suis devenue maman. Mon bébé s'est invité par surprise, un merveilleux imprévu qui me laisse souvent l'impression d'être une maman peu orthodoxe. Surtout quand je débarque à l'ONE en nage, mon petit garçon dans le porte-bébé, enseveli sous un foulard dégainé en désespoir de cause face à la pluie, et que je prends place à côté d'autres mamans en total contrôle à côté de leurs jolies poussettes. N'empêche, j'ai beau avoir mon « style » en la matière, je commence à me sentir pleinement mère. Avant que le temps ne les dilue, je voudrais revenir sur ces moments si particuliers qui suivent la naissance d'un enfant... et composent celle d'un parent.
Quand deux heures de « promenade » et comptines du soir sont nécessaires pour endormir la chair de sa chair mais qu'un minuscule instant (pour avaler sa salive au beau milieu de « Frèreuh Jacqueuh ») suffit pour réduire ses efforts à néant... ben quand tout ça, tout ça, il devient difficile d'estimer le temps qui passe et de savoir si vous marchez la tête en haut ou en bas. Et pourtant ! Pour moi (et pour mon homme aussi), ces premiers mois ont étés magiques. C'est un peu comme raconter son trip camping à la rude en Écosse : forcément on parle des passages difficiles, des vêtements trempés, de la fatigue, et on frissonne encore à l'évocation des nuits glaciales dans son sac de couchage de qualité moyenne. Mais ni pendant, ni après, on n'aurait eu envie que le voyage soit différent. C'est l'extase dans la galère, la joie dans l'épuisement, ce sont des moments de grâce. Et chaque coup d’œil à notre joli bébé, à sa petite bouche entrouverte dans son sommeil, à ses yeux bleus déjà si grands ouverts, nous font battre le cœur et nous liquéfient d'amour. Une fois le tourbillon passé Depuis quelques semaines, je retrouve un rythme. Je peux à nouveau me laver, me nourrir, cuisiner quand j'en ai envie, sortir le nez de mon appartement, suivre mes cours de kiné et parfois même écrire ;-) ... le tout sous l’œil attentif d'un petit garçon de plus en plus conciliant. Je profite avidement de mes petits moments de liberté, même si être séparée de mon bébé me donne parfois le vertige. Au delà de quelques heures, j'ai le sentiment que tout n'était qu'un rêve. Je regarde les mères avec leurs jeunes enfants dans le métro, et je me sens les bras vide. J'ai du mal à croire que je suis maman, moi aussi, que mon fils existe, quelque part dans les bras de quelqu'un d'autre, attendant mon retour. Quand je le récupère chez sa nounou, je le regarde souvent sans parvenir à intégrer qu'il s'agit de mon enfant. Il me faut un peu de temps pour retrouver mon lien avec lui, être à nouveau envahie par cette sensation que je serre contre moi "mon" bébé. Pourtant, je commence à le connaître. Je sais ce qu'il aime, ce qui le fait rire, ce qui l'apaise. Je ne suis plus interchangeable avec n'importe quelle source de chaleur et de lait. Je suis sa maman, il est mon fils, je le ressens de plus en plus fort. Je le regarde grandir et apprendre à toute vitesse avec un mélange d'émerveillement, d'excitation et de fierté. J'assiste avec joie à l'éclosion de toute une panoplie de nouveaux sons. Il nous arrive de papoter pendant plusieurs minutes. Il est déjà très fort en babillages, mon fils. Et j'adore sa voix. J'adore son sourire aussi, la bouche grande ouverte et les yeux plissés de joie. J'ai envie de le bouffer ! Je le fais un peu, d'ailleurs, ou je le mitraille pour graver tout ce bonheur quelque part. J'ai hâte de le voir me précéder d'un pas vacillant sur nos sentiers préférés, de l'entendre écorcher les mots et rires aux éclats en dévalant un toboggan. Mais j'ai aussi la peur que tout passe trop vite, qu'il me file entre les doigts et s'éloigne trop loin, trop tôt. Je voudrais le voir libre et le mettre sous cloche. Mon petit garçon, c'est un apprentissage de chaque instant, un élan vers le meilleur de moi-même, et un bonheur infini. Il a chamboulé ma vie et l'a bourrée d'amour jusqu'aux moindres recoins. Et je me sens plus forte et plus sereine que jamais. A l'attention des futurs parents : J'avais listé mes conseils, parce que vraiment, j'aurais aimé trouver quelque part cette liste de choses qui ont marché pour moi et mon fils. Mais je réalise que ça n'a pas de sens : il n'existe aucune liste de bonnes pratiques qui s'applique à tous les bébés. En revanche, ce qui peut être utile aux jeunes parents, c'est de savoir que la clé de tout, c'est le temps. Comme me le disait une maman croisée au cours de kiné-postnatale, ce qui est bien quand c'est le deuxième, c'est qu'on sait déjà que « tout passe ». Oui, tout passe. Personne ne reste cette loque, incapable de bouger le petit doigt et d'avoir les mains libres sans déclencher la sonnette d'alarme « bébé », que beaucoup de jeunes mamans ont l'impression d'être les premières semaines. Aucun bébé ne demeure cette petite chose fragile, à l'estomac instable et totalement dépendante de vous. Les problèmes liés à l'allaitement, au reflux, au sommeil... tout s'améliore, se résout naturellement. Plus ou moins vite ;-) Au bout de quelques mois, le brouillard se lève doucement, vous vous rendez compte que vous avez trouvé un semblant de rythme, que vous arrivez à mieux comprendre votre bébé... Bref, même si votre quotidien est loin d'être un long fleuve tranquille, vous gérez un peu mieux, êtes plus sereine, et commencez probablement à ressentir une certaine fierté à bien faire votre job de parent. Le temps, n'ayez pas peur de lui faire confiance. Et ce même si vous approchez d'une soi-disant "deadline" imposée par la société (vers trois mois, il doit faire ses nuits - ça c'est vraiment une vaste blague - et manger toutes les 4 heures, à cinq mois il devrait s'endormir seul, ...). Qu'on se le dise une bonne fois pour toute, ce calendrier n'existe que pour satisfaire aux exigences de nos sociétés dans lesquelles on ne peux plus pouponner pendant deux ans. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'il varie grandement d'un pays à l'autre, en fonction du congé maternité. Dans les pays qui accordent un congé de maternité d'un voire deux ans aux mamans (et parfois aux papas) les échéances sont plus longues. Chez nous, où les femmes reprennent souvent le travail vers les trois mois de l'enfant, il faut "forcément" qu'il s'autonomise vers cet âge afin de faciliter la tâche aux crèches et de soulager un peu les parents. Mais si certains petits bouts sont prêts assez tôt ou se montrent en tout cas flexibles, pour d'autres c'est un rythme impossible à suivre (connaissez-vous les BABI : bébés aux besoins intenses? Ces petits loups hyper éveillés et ultra sensibles à la fois? Moi, je commence à bien connaitre... ;-)). Et, dans ce cas, ces échéances posées comme la norme ne font que stresser d'avantage les parents qui s'épuisent dans une lutte perdue d'avance. Donc, gardons simplement en tête que notre bébé ne DOIT rien faire avant un an voire deux. S'il fait, tant mieux pour nous, sinon tant pis, c'est un peu dur peut-être, mais il n'y a rien d'anormal. Rappelons-nous que c'est difficile pour eux aussi, qui débarquent dans ce monde si différent de ce qu'ils ont connu jusque là, avec tout à apprendre et sans langage commun avec ceux qui les entourent et dont ils sont dépendants pour tout! Votre bébé dort encore sur vous, mange toutes les deux heures, passe ses journées dans le porte bébé... berf, il ne suit pas le sacro-saint planning dont vous parle votre entourage/le corps médical/vos lectures, et vous vous demandez souvent si c'est "normal"? Faites-vous du bien avec le documentaire Mères, de Josépha. Le temps est votre allié si vous voulez aider votre petit bout à intégrer de nouvelles choses. C'est très difficile de trouver un juste milieu qui nous convienne et qui convienne à son enfant entre toutes les méthodes préconisées. Je pense qu'il faut en tout cas toujours être dans une optique d'aide à l'autonomisation plutôt que dans l'optique d'"éduquer". Un enfant de moins d'un an ne s'éduque pas. Il s'agit plutôt, à mon sens, de lui permettre d'essayer régulièrement de nouvelles choses, sans insister s'il n'est pas prêt. Pour moi - et bien que personne ne puisse juger un parent exténué qui fini par laisser son bébé pleurer - il est contre-nature de ne pas répondre au besoin de réconfort d'un enfant. En tous les cas, un bébé qui hurle n'est plus en état d'apprendre quoi que ce soit.
Mon bébé, à 4 mois, mange encore la nuit, n'aime que moyennement être posé sur son tapis, il est très "tonique" (comprenez agité ;-)) mais il fait de petits progrès chaque jour, et je pense que (moralement aussi) c'est ça qui est important : se dire qu'on va de l'avant, que les choses s'améliorent, avoir régulièrement des petites victoires à fêter et se sentir fier des progrès de son enfant. Bien sûr, il y a de petits retours en arrière parfois (maladie, changements dans les habitudes, besoin d’être rassuré...). J'évite de lutter parce que je crois que c'est contre-productif. Comme toujours, ça passe. Aujourd'hui, je sais aussi que toute comparaison avec le bébé des autres est proscrite (et qu'une méthode qui marche pour la fille de bidule ne fonctionnera pas forcément pour ma progéniture). Il m'arrive de rentrer déprimée d'une soirée avec des amis dont le petit bout (plus jeune que le nôtre) s'endort tout seul comme un chef pour une nuit de huit heures, alors que mon homme et moi nous sommes relayés toute la soirée au chevet de notre loustique (et que c'est notre quotidien). Dans ces moments-là, j'ai l'impression de faire tout de travers, de ne pas parvenir à offrir le cadre adéquat à notre enfant pour qu'il puisse être serein et autonome... je culpabilise vis à vis de lui et je me sens un peu nulle face aux autres parents. Petit 1 : tout est relatif. Quand je lis certains témoignages sur le net, j'ai l'impression d'être bénie des dieux et d'avoir enfanté un petit ange. Petit 2 : si petits, nos bébés ont déjà une personnalité qui leur est propre. Gros dormeur ou pas, plutôt vif ou tranquille... dans la majeure partie des cas, les parents n'ont rien avoir là dedans! Ca se vérifie dans des témoignages comme celui-ci, où une maman s'étonne de son bébé ultra pot-de-colle, impossible à poser ou à endormir, alors que son aîné a été si facile... " Pour ma part, après des mois à essayer des « techniques » diverses et variées, à prendre des résolutions dans un sens puis dans un autre, à ne jamais les tenir, j’ai fini par comprendre que je ne faisais que rajouter de l’angoisse à ma petite fille sensible et aggraver une situation qui était en fait normale. Epuisante, exigeante, mais normale. Et j’ai choisi mon camp, une bonne fois pour toutes. Le camp de l’amour nuit et jour. Et j’aurais tellement, tellement aimé être au clair là-dessus avant et ne pas avoir répercuté sur ma fille les pressions que j’ai reçues, ne pas lui avoir fait subir mes doutes, lui avoir fait plus confiance, avoir eu une connaissance plus juste du sommeil des bébé, ne pas avoir pensé qu’elle était anormale alors que nombreux sont les bébés à se comporter comme elle, dès lors qu’on leur permet de s’exprimer et qu’on les écoute… " happynaiss Dernier "conseil" : n'oublions pas de relativiser. Je l'écris pour d'autres mais aussi pour moi, car bien que je le sache et que je me le répète régulièrement, je tombe encore trop souvent dans le piège de la prise de tête inutile. En tant que jeunes parents à une époque où un bébé est souvent le fruit d'un projet longuement mûri, considéré comme un véritable cadeau de la vie, on se met beaucoup de pression. Et si ce n'est pas le cas, alors la société toute entière le fait pour nous. Pour notre bien, il faut parfois fermer ses oreilles et ses yeux aux mille recommandations (souvent contradictoires) et laisser son intuition guider nos gestes.
Relativisons les crises, les pleurs qu'on n'arrive pas à calmer, la moindre petite "négligence", ... n'oublions pas que nos bébés sont très choyés en comparaison avec beaucoup d'enfants dans le monde, et essayons de prendre les choses avec un peu de légèreté. Si vous arrivez à rire de temps en temps en pleine crise, vous êtes sur la bonne voie ;-) Relativisons aussi peut-être un peu le "calvaire" d'être jeune parent parce que, sauf cas extrêmes*, même si c'est parfois fatiguant, éprouvant (et qu'on a le droit de le dire!), n'oublions pas que c'est aussi une expérience merveilleuse que beaucoup rêvent de vivre ! Je vous en parlais ici et ici, pour nous, l'été dernier s'est révélé assez riche d'enseignements en matière de lâcher prise ;-) Je ne peux m'empêcher d'y voir la confirmation que les obstacles que l'on rencontre ont toujours vocation à nous préparer à la suite de notre chemin... En bonus, quelques sources hyper précieuses ! https://shows.acast.com/la-matrescence/episodes/le-sommeil-toute-une-histoire-florence-fondatrice-de-bebe-au (un bon podcast et cet épisode est INDISPENSABLE pour tou(te)s celles et ceux qui se posent des questions sur le sommeil de leur bébé et s'initier à la parentalité bienveillante) https://www.lllfrance.org/ (la Leche League - notamment pour l'allaitement) https://lessemainesmiracle.fr/ (pour comprendre les phases où l'enfant régresse) https://curiositebienveillante.wordpress.com/ (éducation positive) https://www.bliss-stories.fr/ (témoignages) https://happynaiss.com/2016/09/26/ces-choses-que-jaurais-aime-savoir-sur-le-sommeil-des-bebes/comment-page-2/ https://www.magicmaman.com/8-choses-qui-peuvent-perturber-le-sommeil-de-votre-bebe,3535868.asp https://www.coolparentsmakehappykids.com/ (éducation positive) ATTENTION : LE SACRIFICE POUR SES ENFANTS A AUSSI SES LIMITES. Si vous vous sentez au bout du rouleau, parlez-en, faites un break... un enfant heureux, c'est un enfant dont les parents vont bien. https://karma-mamas.com/2019/10/11/patriarcat-et-education-bienveillante-colere/?fbclid=IwAR1sY5CaImSDli9yl-JjdWV1daYeW0uZCxj2kK4qG37DQq3eij-NOagQApU * Si votre bébé pleurt énormément, parfois des heures sans s'arrêter, peut-être souffre-t-il. On parle souvent du reflux mais un bébé peut présenter bien d'autres maux et il faut parfois aller contre l'avis d'un corps médical peu à l'écoute afin de trouver la source du problème. Je pense notament au témoignage de Pam, Vice-présidente de l'association Nuits sans larmes, dont la petite fille souffrait du syndrome de KISS (un blocage des vertèbres cervicales supérieures qui peut s'avérer très difficile à vivre pour l'enfant).
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AuteurLa maternité a bouleversé mes certitudes et continue de me questionner au quotidien. Sur ce que je veux transmettre, ce qui fait de nous ce que nous sommes, ce qui rend heureux, ce qui est important dans la vie, pour notre propre développement et pour celui d'une société meilleure... devenir le référent d'une autre personne renforce mon désir d'incarner mes valeurs. Me confronter à un jeune enfant, vierge de tout formatage, spontané, intransigeant, est une formidable source d'apprentissage. Archives
Octobre 2020
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